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WEB-série

CORONADAY

(2020)

12 épisodes

durée totale : 40 minutes

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site de la série

avec tous les épisodes

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Article des FICHES DU CINÉMA

Le premier contributeur de nos Chroniques du cinéma confiné a été Jean-Marie Villeneuve, cinéaste dont nous suivons le parcours depuis son premier long métrage Tout est faux, sorti en 2014. Son univers totalement singulier, éminemment visuel et fondé sur les atmosphères, le rend peu compatible avec le système des aides tel qu’il est aujourd’hui, c’est-à-dire fondé sur la toute-puissance du scénario, de l’écrit, du pitch, du “sujet”, du connu, de l’identifiable et du définissable. Si bien que Jean-Marie a acquis une véritable expertise dans l’art de faire des films en toute autonomie, à la seule force de la ruse et de la conviction, en parvenant à ce qu’ils ressemblent à de vrais films et non pas à la version “suedée” de ce qu’ils auraient dû être.

Au tout début du confinement, replié dans une maison bretonne avec sa famille, Jean-Marie Villeneuve nous avait présenté un petit film réalisé avec sa fille (dans lequel ils avaient fait courir un dinosaure dans l’herbe), qui lui semblait alors être le plus haut horizon créatif que la situation lui permettait d’envisager. Mais par la suite, nous avons vu arriver sur son fil Facebook d’autres petits films.

Ils étaient d’abord constitués d’un seul plan, semblables à des exercices de gammes. Puis la régularité a montré que le projet se développait avec une forme d’entêtement. Puis de nouveaux épisodes sont venus, enrichis de plus de réalisation, de plus de récit, plus de complexité. La naturel était revenu au galop. Tout cela s’était mis, de fil en aiguille, à ressembler à un vrai film de Jean-Marie Villeneuve, et un bon.

Lui qui s’est si souvent battu avec la difficulté de trouver les lieux, les décors, les accessoires pouvant lui permettre de matérialiser les images qu’il avait en tête, a ici imaginé des images et des récits à partir des décors et des objets qu’il avait sous les yeux, à sa disposition. Et le film s’est généré spontanément : élégant mystérieux, totalement signé.

Nous avons donc eu envie de publier, en annexe à la Chronique de Jean-Marie, les épisodes de ce jeu devenu sérieux, de cet exercice devenu (ré)créatif, de ce journal de confinement fictionnel. Pour présenter un aspect positif du confinement. Et aussi avec l’idée, quelque part derrière la tête, que ceux qui étaient déjà en situation de guerilla seront peut-être les mieux armés pour continuer à être opérationnels durant la crise dans laquelle l’épidémie va inévitablement plonger le monde du cinéma.

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Jean-Marie, tu nous disais ne rien pouvoir créer en début de confinement. Que s’est-il passé ?

Je me demande encore comment tout cela a pu prendre forme. J’ai sauté d’une liane à l’autre, d’une idée à l’autre, sans savoir, pendant longtemps, où cela me menait. Dans un premier temps, c’est un vent déchaîné qui faisait danser des herbes hautes dans le champ voisin à la maison que je loue qui m’a lancé. J’ai emprunté un petit chemin en terre qui le contourne et j’ai également aperçu cette rangée d’arbres qui est devenue par la suite le repère visuel du lieu, des vidéos, comme le fond d’un décor de théâtre.

J’ai posé ma caméra sur pied et faute d’acteur, j’ai décidé, sans trop réfléchir, de traverser le plan dans les deux sens. Le soir, au moment de regarder le plan sur l’ordinateur, je ne savais absolument pas que j’allais l’exploiter et qu’il serait le début de ce que j’ai décidé d’appeler les CORONADAY, ces vidéos assez courtes et finalement mouvantes que je partage depuis sur Facebook assez régulièrement.

En voyant donc ce plan, je me suis demandé « Mais que va faire ce gars (dans ce contexte) ? Et pourquoi revient-il sans rien ? » Au début du confinement, les obsessions tournaient beaucoup autour de l’approvisionnement en pâtes, PQ, etc. J’ai eu l’idée d’ajouter une phrase introductive à la vidéo que j’ai découpé en deux (aller et retour) :

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